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L’AMOUR NE MEURT PAS

tions nous fumions à faire croire à un incendie ; et nous chantions les vraies chansons des étudiants d’alors qui n’étaient pas toujours des cantiques à la Vierge Immaculée.


Un certain jour du mois d’octobre 1885, nous étions un petit groupe d’étudiants, amis intimes, à la grille de la palissade de l’Université, causant des plaisirs et des aventures des vacances à peine terminées.

« Si nous n’avions pas, me dit Joseph Édouard, mon ancien confrère de classe au collège, cette malheureuse épidémie de variole qui ravage notre ville en ce moment, je te ferais connaître une jeune et gentille demoiselle que j’ai rencontrée pendant mes vacances. Mais tu le sais, le fléau qui sévit chasse les petits oiseaux et la ville est triste et déserte comme un bosquet sans ramage ou un jardin sans fleurs. »

Cette terrible variole, dont me parlait Joseph Édouard, était à l’état épidémique à Montréal depuis plusieurs mois ; aussi toute la classe aisée de la population, qui avait pu quitter la ville, s’était empressée, le printemps, de gagner les places de villégiature aussi éloignées que possible de la grande ville et elle ne se hâtait pas d’y revenir à l’automne. Aussi la promenade des rues St-Jacques et Notre-Dame était-elle déserte. Les beaux jours de septembre étaient finis et octobre semblait vouloir les continuer ; la température était douce ; le ciel toujours serein ; c’était comme un renouveau de l’été, et cependant la ville restait toujours triste, triste surtout pour les étudiants. Peu à peu vers la fin d’octobre