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L’AMOUR NE MEURT PAS

ma solitude… Montréal est désormais une prison plus sombre que Lowell, et j’y suis dans l’exil plus que là-bas. Ma patrie n’est plus désormais que ton regard, ton sourire, ta bouche, ton cœur. L’éloignement, l’absence, c’est toujours la mort pour mon âme et mon cœur. Je le sens, l’oisiveté à Montréal va me peser plus lourdement que l’ennui, les inquiétudes et les misères à Lowell. Là-bas, je travaillais pour notre avenir ; que les jours vont être long ici ! Là-bas, l’ambition de gagner ma vie stimulait mes activités ; ici que faire ? Compter les minutes, compter les heures qui ne finissent plus, qui redoublent, quadruplent, centuplent mon ennui devenu plus intolérable que jamais.

(Je retrouve dans mon journal, jeudi, 2 juin, une description complète des noces de mon frère aîné). Je suis content et heureux du bonheur de mon frère que j’envie, oh ! ma Rose, quand donc, semblables à eux, nous donnerons-nous la main pour marcher ensemble dans le chemin de l’amour. Ma Rose, comme nous serons heureux, nous aussi. Hélas ! qu’il tarde ce moment de l’amour suprême. Quand donc viendra-t-on nous dire le dernier adieu et nous conduire ainsi pour le voyage des époux ?…


Ste-Martine, 3 juin, vendredi, 1887, 8 hrs p.m. — Mon bien-aimé fiancé, bien sûr que tu as dû penser que je t’avais oublié, lorsque tu as vu le facteur passer devant ta demeure, ce matin, sans y laisser une lettre de ta Rose. Je voulais te faire désirer davantage cette lettre, c’est pourquoi j’ai attendu ce soir pour t’écrire ; me suis-je