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vacance… Le mercredi matin, je quittais la bonne petite maison et je reprenais le train de Montréal. Je partais le cœur rempli des plus douces consolations et des espérances les plus encourageantes.


Montréal, 1er juin, mercredi, 4½ hrs p.m. — Ma douce fiancée, pourquoi donc m’as-tu présenté la coupe enchanteresse de l’amour, si tu devais si tôt me la ravir ? Ma lèvre en toucha à peine les bords et j’aurais voulu qu’elle s’y attachât, mais le temps impitoyable la déroba avant que je ne goûtasse à la liqueur enivrante. Ma Rose, tu fus trop bonne, trop douce, trop aimante pendant mon court séjour à Ste-Martine. Cruelle, tu m’as aimé davantage pour me rendre la vie plus amère loin de toi ; tu mis tes lèvres tendres sur mes lèvres avides de bonheur, pour me faire plus languir de la soif de l’amour ; tu versas dans mon cœur quelques gouttes de plus des délices de ton amour, pour me faire mourir d’ennui quand les heures me séparent de toi. Pendant les trois jours que j’ai passés près de toi, chérie, la vie s’est offerte sous des couleurs si brillantes et une perspective si attrayante que j’aurais voulu rester longtemps dans ce tableau pour te contempler et t’adorer, mais le temps, l’impitoyable temps, passait et abattait les heures les unes après les autres avec la rapidité de la faux qui fait tomber les épis dorés. Pourquoi, ma Rose, m’as-tu aimé si tendrement ? Je souffre plus que jamais et la vie m’est devenue un fardeau trop lourd quand je ne te vois plus. Tout est triste autour de moi ; je te cherche partout dans