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L’AMOUR NE MEURT PAS

retrouvant, laisse couler abondamment mes larmes, elles te diront mes ennuis et mes chagrins passés, et ma joie présente ; et si mes larmes touchent trop ton cœur, arrêtes-en le flot, comme la mère calme la douleur de son enfant, par un baiser.

Personne à la gare de Ste-Martine pour me recevoir ; on ne m’attendait pas si tôt. Je le préférais aussi, parce que je n’aurais pas pu, en public, maîtriser les émotions de mon cœur et calmer l’ardeur de mes démonstrations. Quand la voiture qui m’amena de la gare s’arrêta à la porte de la maison hospitalière où j’avais toujours eu un si bon accueil, j’entendis un cri de joie. La porte s’ouvrait et huit bras se tendaient vers moi pour me recevoir. Et toi, ma Rose, tu ne fus pas la dernière que j’embrassai. Tu tombais dans mes bras et c’est toi qui pleurais en te laissant baiser les yeux, les joues et la bouche ; n’étais-tu pas ma fiancée, ma Rose, à qui je devais les premiers baisers. J’étais reçu avec une joie délirante par ma Rose et ses sœurs, comme l’enfant prodigue qui revient à la maison après une longue absence.

Je passai trois jours délicieux dans la petite maison hospitalière qui fut comme une oasis, une île de verdure dans le désert aride de ma vie. J’y fus entouré des soins les plus délicats. Les sœurs de ma Rose avaient pour moi des prévenances exceptionnelles. Ma chambre était toute ornée des fleurs que je préférais. À table, j’avais la meilleure place entre Rose et son beau-frère. On me servait les morceaux les plus tendres. J’étais confus et gêné de toutes ces attentions délicates. Tout le monde m’interrogeait sur la vie que j’avais menée à Lowell