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que je pratique, tu reconnaîtras à l’œuvre ton élève et tu te glorifieras de l’avoir formé à la lutte. Si je suis quelqu’un dans l’avenir, tu seras heureuse car je ne cesserai de t’en remercier.


Le jeudi, 26 mai je partais de Lowell pour Montréal, et le samedi soir, 28 mai, j’étais à Ste-Martine.

Revoir ma Rose après deux mois d’absence, deux siècles d’ennui, quelle joie suprême ! La surprendre, lui sauter au cou, l’étreindre dans mes bras, baiser ses yeux, ses joues, sa bouche qu’elle ne peut plus me refuser, quelles délices ineffables ! Puis-je espérer tant de bonheur après que j’ai enduré tant d’inquiétudes et de tracas ? Ce serait l’oubli du passé et de ses misères, ce serait la résurrection du tombeau, le renouvellement de la vie. J’ai assez souffert depuis deux mois, oh ! ma Rose, ma fiancée, dans mon exil, pour que tu aies pitié de moi. Pencheras-tu ta tête vers moi pour que je dépose les plus tendres baisers sur tes joues, tes yeux et ta bouche ? Si tu ne veux pas, je te volerai plus de baisers que tu m’en aurais donné. Oh ! ma Rose, je suis un pauvre gueux arrivant de l’exil ; j’ai faim et j’ai soif, et ton amour seul peut apaiser ma faim et étancher ma soif. Je suis las, épuisé et tes baisers seuls peuvent me rendre la force et remonter mon courage. Si tu ne veux pas me donner ta bouche, donne-moi au moins ta main pour que j’y mette les plus brûlants baisers, et que tu sentes, à leur ardeur, quel martyre j’ai enduré loin de toi, et que tu comprennes l’immensité de ma joie de te revoir. Si je pleure en te