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trop fortement mon orgueil, et je m’avoue franchement à moi-même qu’il y va de mon honneur et de mon intérêt futur que ma situation se régularise, ne serait-ce que pour ma propre satisfaction et par acquit de conscience. J’ai de bons amis à Lowell, et je me fais un scrupule de les tromper plus longtemps. La plupart cependant connaissent ma situation : ils en sont satisfaits et ils sont les premiers à se moquer des démarches malveillantes de ces petits médecins qu’ils méprisent.

Je suis orgueilleux et j’ai horreur de l’affront qu’on me lance de n’être pas diplômé. Je pense à l’avenir et je sens qu’il ne me plairait pas plus tard, même quand j’aurais une clientèle riche et honorable, d’entendre l’écho me répéter le même affront. Oh ! ma Rose, je suis triste et rêveur depuis quelques jours et je pense souvent à la manière de me tirer de cette impasse, sans froisser mes amis et sans laisser les jaloux sourire et croire à ma défaite. Malgré le soutien et l’aide que je reçois des honnêtes gens et des propriétaires de L’Étoile, je ne suis pas satisfait et tout à mon aise. Je ne cesse de réfléchir et de chercher une solution passable à ma situation embarrassante. Devrais-je abandonner la pratique dès maintenant et retourner à Montréal jusqu’à l’an prochain, alors que je pourrai, avec la plus grande satisfaction, faire un bon pied de nez à mes ennemis ? Devrais-je continuer à pratiquer et laisser aboyer les petits et les gros chiens dont les morsures ne sont pas si venimeuses après tout ? D’un autre côté, si l’on tient à ce que je reste ici parce que je puis rendre des services aux Canadiens, je n’ai qu’à feindre d’aller