CHAPITRE X
voyage à montréal et à ste martine
Lowell, lundi, 23 mai. — Ma bonne Rose, la semaine dernière a été très satisfaisante ; j’ai eu beaucoup de patients et j’ai reçu un peu d’argent. J’oserais même dire que les affaires ont marché trop bien. Mon succès rapide depuis deux semaines commence à dépasser mes espérances ; et de plus il enrage mes ennemis, certains médecins, et réveille la jalousie qui paraissait dormir depuis quelque temps. Deux médecins canadiens se plaisent à exhiber la fameuse lettre du doyen ; mais leur démarche honteuse semble leur faire plus de tort qu’à moi, car beaucoup de personnes qui ignoraient ma présence à Lowell l’ont apprise par ce moyen.
Que je sois réellement diplômé ou non, il importe peu aux médecins du moment que ma clientèle est satisfaite, y trouve son intérêt et y gagne la santé. Il me semble que j’ai autant de science, par suite de mes fortes études, que la plupart de ceux que j’ose appeler mes confrères, qui n’ont pas étudié ou peu étudié pendant deux ou trois années. Ici, dans le Massachusetts, j’ai d’autant plus le droit de pratiquer la médecine, qu’il n’y a pas de loi qui oblige à s’enregistrer comme médecin. Le premier venu peut pratiquer la médecine tout à son aise sans que personne n’ait à y voir. Tout de même les racontars et les cancans ne me plaisent pas et piquent