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et je pense à la vieille Ben-Oui et à nos promenades sur son pont de Ste-Martine.

Dans les prés verdoyants, sous l’ombrage des grands arbres, au bord du ruisseau, sur le petit pont, je pense à toi toujours, toujours, ma Rose. C’est là que j’aime à me rappeler nos courses, nos promenades, nos amusements, nos repos, nos sourires, nos conversations, nos espérances et nos châteaux en Espagne. Les oiseaux chantent, j’écoute ; leur ramage me semble un chant d’amour qui réveille mes plus beaux souvenirs. Un instant j’eus l’idée de graver nos noms dans l’écorce d’un jeune arbre, mais à quoi bon, me suis-je dit, jamais je ne reverrai ces lieux, et plus tard, si par hasard j’y revenais, je ne retrouverais qu’une âme solitaire en proie à la nostalgie.

Je regarde la graine qui germe, la plante qui pousse, la fleur qui s’épanouit et je me dis que c’est là l’image de notre amour. Je reviens au ruisseau et je regarde l’onde qui coule lentement et j’y cherche notre barque et toi, ma Rose. Vois, Rose chérie, comme je pense à toi partout et toujours. Partout et toujours je te revois. Comme il est bon d’aimer et d’être aimé ! Comme il est doux d’avoir un passé heureux pour s’y reposer dans les moments de tristesse ! Comme il est agréable d’espérer en l’avenir près d’une Rose qui a parfumé les jours de la jeunesse et qui promet d’embaumer ceux de l’âge mûr et de la vieillesse.

Ma Rose, je t’envoie une petite feuille toute verte d’espérance ; je t’envoie un pétale de la fleur du pommier. Je les ai cueillis en souvenir de nos beaux jours passés à la campagne ; conserve-les en mémoire de mon exil