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geant ; mais l’argent ne rentre pas par gros montants.

Ma Rose, je pense à toi à tout instant. Quand de ma fenêtre je vois en face des dames circuler sur les trottoirs, entrer dans les magasins ou en sortir, je m’imagine que c’est toi que je vois parce qu’elles sont grandes, blondes, bien mises. Quand je vais par les chemins à mes malades ou pour me délasser, si j’aperçois une jeune fille grande et blonde, je me hâte de la devancer, espérant te reconnaître en elle. Quand je distingue de loin une toilette jaune avec beaucoup de dentelle, je crois revoir ta toilette et ton chapeau aux longues plumes. Les cheveux blonds sont à la mode à Lowell ; quand je vois cette belle couleur de cheveux que j’aime tant parce que les tiens sont blonds, il me semble que c’est toi qui les portes. Oh ! ma Rose, je te vois partout et toujours et cependant pas une demoiselle ne te ressemble ; pas une n’a ta taille élégante ; pas une n’a la belle teinte de tes cheveux ; pas une n’a ton beau teint blanc ; pas une n’a ta démarche majestueuse ; et, tout de même je te vois partout et toujours. Je crois que je suis malade, que j’ai la rosisse comme d’autres ont a jaunisse

20 mai, vendredi, 10 hrs p.m. — Ma douce amie, tu as le bonheur d’assister tous les soirs aux exercices du mois de Marie, et de prier, dans son sanctuaire, cette Vierge indulgente, tandis que moi, pauvre exilé, j’oublie presque ces douceurs et cet enivrement de la prière aux pieds de Marie, dans la chapelle où brûlent, brillantes étoiles, les cierges bénits, où la parole du bon vieux curé réveille, malgré sa monotonie, la ferveur des fidèles. Souvent le soir, il me revient des souvenirs des soirs que