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plusieurs patients aujourd’hui… Quand je suis occupé un peu, il me semble que je suis plus à mon aise partout, que je puis regarder le monde avec plus de contentement, que j’observe tout et que je pourrais te dire beaucoup plus de choses agréables…

Mardi, 10 mai, 10 hrs p.m. — Continue, ma chère Rose, tes bonnes prières en ma faveur ; j’y ai beaucoup de confiance ; elles sont mon soutien et ma force. Elles m’amènent de nouvelles pratiques tous les jours. Ne serviraient-elles qu’à me consoler et à m’encourager, elles me seraient encore très précieuses. Ce matin, je suis entré dans une autre famille pour traiter un pauvre petit malade d’un an souffrant d’une rougeole maligne. Pauvre petit, tu souffres déjà et tu viens à peine de naître ; tu bois la lie avant de goûter la liqueur enivrante de la vie ; tu souffres et tu n’as pas encore connu la joie de vivre !

Mercredi, 11 mai, 10.40 hrs p.m. — Ma bonne et douce amie, comme je t’aime le soir quand je reviens du chevet de mes malades ! comme je pense à toi dans le dédale des sombres allées que laissent entre elles les maisons rapprochées du Petit Canada ! Oh ! ma Rose, si je goûte en ce moment les douceurs de la vie du médecin, je m’en réjouis pour toi ; si j’aspire les parfums qui s’exhalent des cœurs pauvres mais reconnaissants de mes patients, c’est pour toi que je fais la charité ; si l’horreur de la nuit, dans les carrefours dangereux, à travers des chemins impraticables, ne m’effraie pas, c’est pour toi que je souris. Dans mes sorties, je t’ai vue au terme de la course ; dans les ténèbres, ta pensée m’éclaire ; dans