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ou simplement pour caqueter. Tous les âges aimaient cette promenade et en jouissaient. Et les étudiants donc ! Et les jeunes filles ! Nous rencontrions là ceux ou celles que nous avions vus la veille, dans une soirée, un bal ou au thé. Les connaissances se renouvelaient ; puis nous marchions deux par deux, nous contant fleurette, insouciants de l’encombrement ou plutôt l’escomptant pour ralentir le pas, retarder notre marche et demeurer plus longtemps ensemble. Vers les cinq heures beaucoup entraient chez Alexander, le grand pâtissier à la mode, pour y prendre une crème, une glace, le thé ou croquer un chocolat. À six heures la foule se dispersait peu à peu ; les équipages s’éloignaient, faisant en sens contraire la route qui les avaient amenés. Puis c’était le silence et la solitude.

Étudiants, nous ne pouvions pas toujours jouir de ces trois heures de promenade ou aller flirter aussi longtemps que nous l’aurions souhaité. Nous nous contentions le plus souvent du quart d’heure de répit accordé entre deux cours, et nous nous rendions jusqu’à l’église Notre-Dame ou à l’Hôtel des Postes ; puis nous revenions à la hâte entendre nos professeurs discourir d’un ton monotone sur la matière médicale ou toute autre branche de la médecine. Parfois nous nous contentions de nous grouper à la porte de l’Université, et joyeux carabins, gais lurons, nous passions notre quart d’heure de grâce à contempler les beaux équipages qui passaient, la foule qui cheminait, mais surtout à flirter avec les beaux petits minois qui connaissaient nos habitudes et nos instants de récréation. Nous étions toujours