Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mon état d’esprit ? J’ai eu des malades à ma consultation, j’ai fait des visites à domicile, mais qu’ai-je retiré de tous ces soins donnés pendant une semaine ? Un dollar et vingt-cinq sous. Oh ! dérision du sort !

Dimanche, 8 mai, 8½ hrs a.m. — Chère Rose, la nuit que je viens de passer n’a-t-elle été que la continuation de la triste journée d’hier ? Je ne suis pas superstitieux et cependant je crains ; je n’attache aucune importance aux rêves, et cependant il me reste dans l’imagination quelque chose de troublant des cauchemars et des mauvais songes de la nuit dernière. Nous ne sommes plus au temps des Joseph, alors que les songes avaient une signification bien définie parce qu’ils étaient une manifestation de la volonté de Dieu lorsqu’il voulait démontrer la puissance de ses desseins ; c’est vrai, mais quel est l’homme le plus pondéré ou le plus lymphatique, sans nerfs et sans imagination, qui n’ait pas pensé, le matin en s’éveillant d’une nuit remplie de cauchemars, à ce qu’il peut y avoir de vrai dans les rêves quant à l’avenir ? Dans les rêves on ne lira pas plus l’avenir que dans les cartes et la tasse de thé ; mais parfois la coïncidence entre la réalisation et le rêve a été si bien observée, qu’on est porté à attacher malgré soi, quoique dans de rares circonstances, une idée de pressentiment aux songes, et par la suite de s’en effrayer ou de s’en réjouir. Quoi qu’il en soit de ces croyances ou de ces superstitions, j’ai mal dormi la nuit dernière ; j’ai eu beaucoup de cauchemars et ce matin je suis plus fatigué que si je n’avais pas dormi du tout ; je ne suis pas à mon aise. Dans mes rêves, j’ai tout d’abord assisté à la nais-