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toujours un succès éclatant avec elles, car elles ne se laissent pas amadouer facilement. Il me semble que je les aime plus qu’elles ne me choient. Peu m’importe, je m’amuse à les taquiner et elles me paient le plus souvent en monnaie de singe ; elles m’inspirent de belles idées, de nobles sentiments qu’elles me font transcrire en prose rythmée. Parfois je me contente de cette monnaie et je vais jusqu’à m’en glorifier ; parfois je m’en froisse ; je déchire les feuillets sur lesquels j’ai écrit mes vers et je les jette au panier. Je trouve, malgré tout, le temps de lire et de relire les belles missives de ma Rose qui deviennent de plus en plus chaleureuses et encourageantes. Il semble que la campagne que ma Rose habite maintenant lui rappelle tant de souvenirs chers à son cœur et au mien, que l’inspiration lui devient plus vive et qu’elle exprime plus clairement les beaux sentiments qu’elle n’osait me montrer qu’à demi auparavant. Ma Rose ne doute plus maintenant de mon amour et elle se plaît à rappeler les incidents du mois de mai l’an dernier, alors qu’elle s’imaginait que je ne l’aimais pas encore. Elle s’en chagrinait, s’en affligeait, et s’en tourmentait même jusqu’à en verser des larmes. Un soir que nous faisions une promenade, elle me paraissait avoir un gros chagrin qu’elle n’osait pas me dévoiler. Je la regardai et je vis perler une larme à sa paupière. « Oh ! qu’as-tu, ma Rose, lui dis-je ». — « Elphège, me répondit-elle le cœur bien gros, tu ne m’aimes pas encore ; certain événement d’aujourd’hui me le fait croire ».

« Rose, ma Rose, lui répondis-je, je t’aime plus que ma vie. Veux-tu mon cœur, il est à toi ; veux-tu mon âme,