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triste et bien sincère, mais tu as exigé ma parole que je te ferais partager mes ennuis comme mes joies. Il faut donc que j’obéisse. Pauvre Rose, pourquoi donc vouloir porter ce fardeau qui n’appartient qu’à moi ? Oh ! ma Rose, tu es trop bonne pour que je te fasse souffrir, et pourquoi te dirais-je que la journée qui vient de se terminer a été la plus… Oh ! non, je ne veux pas te déchirer le cœur… Seul je veux… Mais tu l’as exigé… Cependant il est si cruel d’entendre dire que son ami… Ma Rose, je te fais souffrir doublement de tous ces petits points qui laissent sous-entendre… Assez, trêve de plaisanterie. Je te demande pardon ; je suis si gai, vraiment gai, parce que j’ai eu deux autres patientes qui m’ont donné chacune cinquante sous.

Nous sommes quittes, n’est-ce pas, ma chère Rose, pour le tour que tu m’as joué, l’autre jour, dans une de tes lettres. Tiens ! je t’entends murmurer : « Grand fou, tu peux m’en jouer souvent des tours comme celui-là, et je t’en donnerai autant de baisers ». Es-tu fière de ma journée, pauvre petite fiancée. Je ferai, je pense, encore cinquante sous demain. N’est-ce pas le Pactole ?

Dimanche, 24 avril. — J’ai passé toute la nuit auprès d’une malade.

Mardi. — Durant l’après-midi, je marchais d’un pas pressé, quand tout à coup j’aperçois dans une vitrine une large pancarte avec une inscription en gros caractère « Rosalind ». J’en fus tellement frappé que je m’arrêtai pour me demander si je n’étais pas le jouet d’une illusion et si j’avais réellement bien vu et bien lu. Quelle ne fut pas ma surprise en apercevant, au-dessous de