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attendre. D’un autre côté on a observé un silence remarquable pendant toute ma conférence… Madame Amanda me disait lorsque je l’ai quittée, il y a dix minutes : « Ne rêvez pas toute la nuit à votre succès ». — « Non, lui répondis-je, je préfère rêver à la lettre que je vais recevoir demain de ma Rose.


Ste-Martine, 21 avril, 1887.
Mon doux fiancé,

Comme tu vois par l’en-tête de ma lettre, je suis rendue à Ste-Martine, petit village où nous avons passé d’heureux jours et des soirées que je n’oublierai jamais. Je croyais retrouver le bonheur en revoyant ces anciens souvenirs, mais, hélas ! je n’y trouve que l’ennui et une tristesse plus grande d’être séparée de toi, mon cher Elphège. Je ne puis faire un pas ici, je ne puis rien toucher, je ne puis rien voir, sans retrouver sans cesse un souvenir, une pensée de mon Elphège. Continuellement je me dis : Elphège faisait ceci ou cela ; ici sa place favorite… Tous ces souvenirs me portent à la mélancolie et me font ennuyer davantage…

Mille baisers de ta Rose.

Lowell, 20 avril, mercredi, 11 hrs p.m.

Ma bonne Rose, je viens du bureau de l’Étoile, avec M. Laporte à qui je montre l’article que j’ai écrit pour le journal. Il le trouve très bien et m’en demande un autre pour la semaine prochaine. Je vogue à pleine