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bien des heures de peines et de découragements. Voilà un pauvre cinquante sous qui fait vite oublier les jours longs et ennuyeux passés sur les bancs de l’école, du collège ou de l’Université. Voilà vingt années de travaux ardus résumés en un petit cinquante sous. Vingt années ! cinquante sous !

Mardi, 19 avril, 6.45 hrs p.m. — Ma Rose, pourquoi n’es-tu pas ici ce soir ; j’aurais besoin de toi pour me donner de la force et du courage. Si je te voyais au Cercle, pendant ma conférence, j’aurais plus d’enthousiasme, plus de feu. Je pars dans quelques instants, mais je pars seul. Tout de même, ma Rose, je pars avec ta pensée qui va me suivre tout le temps de ma conférence. Pour toi si j’ai des succès ; pour moi si j’échoue et si j’ai des déboires. Pour me soutenir, je donnerai, avant de partir, deux bons baisers à tes portraits, cela me vaudra plus qu’une forte dose de strychnine. Sois mon ange tutélaire.

10.40 hrs p.m. — Ma Rose, j’arrive découragé de la séance du Cercle. Oh ! le mot découragé est peut-être un peu fort. Je ne suis pas content de mon peu de succès. Mais est-ce à moi de demander des applaudissements, moi qui connais si peu de chose, moi qui suis encore à mes débuts en toutes choses ? Non. je devrais être plutôt fier de m’en être tiré à si bon compte. On m’a applaudi à mon arrivée sur l’estrade, avant de m’entendre ; c’était par courtoisie. On a applaudi à la fin, c’est par habitude. On a applaudi au milieu de ma conférence, c’était pour me laisser reprendre haleine. Je devrais être content, car c’est bien plus que je devais