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L’AMOUR NE MEURT PAS

tiens sont si suaves, ses consolations si douces et ses espérances si belles. Mais quand te reverrai-je, oh ! ma Rose ? Le temps t’obéirait-il ? Commande-lui de se hâter, d’aller plus vite dans sa course… Mais non, que pouvons-nous sur lui ; il est le maître, le maître qui se plaît à contrarier les mortels. Rapide comme un coursier fringant, il hâte sa course vertigineuse quand il nous voit dans le bonheur, parce qu’il est jaloux de nos plaisirs et de nos joies. Pour se jouer au contraire de nos misères et de nos malheurs, il ralentit sa marche pour en jouir plus longtemps. Encore quelques jours comme aujourd’hui, hélas ! et je ne pleurerai plus, car mes yeux asséchés n’auront plus de larmes pour répondre à mon cœur lui-même épuisé par l’angoisse mortelle que j’éprouve. Oh ! ma Rose, pardonne, pardonne à mon désespoir. Ah ! si je ne t’aimais pas tant ! Oh ! comme je suis cruel ! je devrais plutôt calmer tes douleurs, adoucir ton chagrin et soulager ton propre ennui, car tu en as toi aussi. Oh ! comme je suis méchant ! je te cause toujours de la peine ! Pardonne-moi, ma Rose ; je veux désormais te consoler, et dussé-je mentir, je te cacherai mon agonie ; dussé-je périr sous le fardeau de mon chagrin, je t’en tairai la pesanteur. Il est cependant si doux d’être associés dans la douleur comme dans la joie ! Qu’importe, je veux désormais souffrir seul et t’épargner le poids de ma misère. Ma Rose, tu ne m’en voudras pas si ton Elphège se montre toujours gai dans ses lettres… Cependant je veux connaître tes ennuis et tes souffrances, ma Rose. Je me sens assez fort pour porter ton fardeau et le mien.