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L’AMOUR NE MEURT PAS

des chapeaux immenses retroussés à la cavalière sur un des côtés. Et combien d’autres variétés que je ne saurais décrire parce qu’il y en a trop et de trop bizarres Tous ces chapeaux sont garnis à profusion de rubans dont la couleur indécise ne peut pas se décrire tant elle est variée et peu tranchée : du rouge, et quel rouge ! du bleu, et quel bleu ! du vert qui paraît jaunir ! du jaune qui paraît reverdir ! C’est du haut d’un balcon ou mieux d’un jubé à l’église qu’il faut voir les têtes coiffées des dames ; on se croirait au-dessus d’un champ où auraient poussé pêle-mêle toutes les fleurs inimaginables. Toutes les modistes, les couturières, toutes les vendeuses des magasins et les filles des filatures font étalage de leurs toilettes ébouriffantes d’un goût plus ou moins douteux et se pavanent comme des paons qui font la roue pour faire admirer l’éclat de leur mauvais goût…

7 hrs p.m. — Cet après-midi, j’ai reçu la visite de quatre membres du Cercle Canadien qui sont venus régler l’affaire concernant la rédaction de l’Étoile. On m’a présenté une longue paire de ciseaux comme conclusion du marché et emblème du rédacteur.

Le 12 avril, je rencontre le bon Père Fournier. Il me demande de le remplacer dans une conférence qu’il devait donner aux jeunes gens. J’accepte volontiers parce que ce me sera une occasion de chasser l’ennui et de me faire connaître. Les docteurs Benoit et Brissett, deux vieux médecins riches, m’encouragent et promettent de m’assister dans ma clientèle ; c’est un peu de baume qui me fait du bien. La préparation de ma conférence et mon travail à l’Étoile commencent un peu à me dis-