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Ta vue ou plutôt la vue de tes portraits me repose… Au Cercle Canadien, propriétaire de « L’Étoile », j’ai choisi comme siège le petit banc du piano pour me rappeler nos derniers beaux soirs chez toi, chérie. Tu t’en souviens, je m’asseyais souvent sur le tabouret, et toi dans la berceuse tout près de moi. Nous causions et quand tu penchais ta tête, mes doigts, petits effrontés, se jouaient dans tes beaux cheveux blonds pour en défaire les boucles soyeuses. Quelle douceur ! Quels charmes ! Beaux jours écoulés, quand reviendrez-vous ? Le temps vous a-t-il pour toujours jetés dans les abîmes de l’éternité d’où vous ne reviendrez jamais ? Oh ! ma Rose, tes beaux cheveux blonds, quand les reverrai-je ?…

J’ai fait à mon bureau de nouvelles améliorations qui l’embellissent. J’ai accroché aux murs quelques cadres ; j’ai épinglé les peintures que j’ai faites à Ste-Martine près de toi ; j’ai suspendu les quelques cartes que tes sœurs et toi m’avez données le jour anniversaire de ma naissance. Au centre, j’ai placé tes deux photographies comme deux belles roses dans un charmant bouquet d’immortelles… Il fait froid ce soir. Je ferme la porte de mon petit bureau, plutôt de ma chambre à coucher, pour y conserver le peu de chaleur que mes deux lampes à pétrole peuvent me donner, faible chaleur qui dit la misère et la pauvreté du jeune médecin… Bonsoir, ma Rose, emporte ma dernière pensée…

Jeudi, 7 avril, midi et demi. — Rose, ma Rose, je n’en peux plus ; je suis oppressé ; j’étouffe ; il faut que je donne libre cours à mes larmes ; je n’y vois plus ; mon cœur gonflé semble battre à me rompre la poitrine. Le