Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.

froid… Une deuxième fois le timbre résonne plus fort… J’ouvre, et tout joyeux, Monsieur et Madame Amanda entrent en admirant l’apparence proprette de mon appartement. J’étais plus content de la visite de mes deux bons amis que de celle d’un patient.

« Tiens, regarde, Charles, si c’est fou, s’exclame madame Amanda ; toujours ces images devant lui… Que votre Rose serait fière d’admirer votre bureau et de constater que vous ne l’oubliez jamais, que vous ne pensez qu’à elle ». Nous causons longuement d’objets de fantaisie et de mes projets d’avenir ; mais toujours la conversation revient à ma chère Rose, à ma pauvre abandonnée là-bas.

Mercredi, 6 avril, 7.50 hrs a.m. — Il fait froid dans mon bureau, ce matin ; pas de poêle et par conséquent pas de feu. Mon haleine n’est pas assez chaude pour me réchauffer les doigts qui tiennent difficilement ma plume. Je demande à tes portraits ces regards réchauffants de ma Rose. Hélas ! tes yeux restent froids. Je te tends la main, mais elle retombe glacée à mon côté. Ta figure, chère fiancée, me paraît abattue ; tes yeux sont langoureux ; tes traits amaigris semblent me dire ton ennui, ou la maladie. Pauvre Rose, sont-ce mes yeux qui me trompent ou tes portraits qui changent d’expression ? Tu parais pâle et triste ; as-tu fait quelque mauvais rêve ? Es-tu fatiguée ? Es-tu malade ? Parle, ne me cache rien. Hélas ! quelle tristesse m’envahit et me poursuit toujours !… Je relis tes dernières lettres tous les soirs, c’est un calmant qui m’aide à passer une nuit plus tranquille ; c’est l’opium du cœur…