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et le feu si rare que les couvertures n’étaient ni assez épaisses ni assez chaudes pour me donner la moindre chaleur et le plus petit confort…

10 hrs a.m. — Je congédie enfin l’ouvrier qui a posé le tapis en corde sur le plancher raboteux de mon appartement. Il me semble maintenant que, malgré la pauvreté et le dénuement de mon logis, je suis comme un roi dans son palais, mais un roi sans terre et sans feu. Je m’en contenterai pourvu que l’apparence misérable n’en chasse pas la clientèle. Quel palais ! il y manque tous les petits riens et les fleurs les plus simples qui parfument et embaument la vie de l’homme, qui l’embellissent et en font le Home-Sweet-Home, même le plus humble, toujours cher au cœur et à l’âme. Et qui prendra soin de ce coin de demeure ? Des mains étrangères. Ah ! si c’étaient là les seules nécessités qui nous obligent à demander une compagne, ce serait bien peu, et la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue. La vie a ses chagrins et ses misères ; la pratique de la médecine, ses déboires et ses inquiétudes ; la solitude, ses ennuis ; le cœur, ses élans ; l’âme ses aspirations. Qui peut comprendre et adoucir les chagrins et aider à supporter les misères de la vie ? Qui peut relever le courage dans les déboires de la médecine et en dissiper les inquiétudes ? Pour qui endurer les ennuis de la solitude ? Qui soulagera les élans du cœur ? Qui comprendra les aspirations de l’âme et y répondra ? Seule une amie sincère, une confidente dévouée, une épouse fidèle, en un mot une Rose-Alinda. La plus humble des chaumières devient un palais quand deux cœurs aimants l’habitent ; le plus