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CHAPITRE I

la rencontre


Il y a bien longtemps, c’était en octobre 1885, les cours de la Faculté de Médecine de l’Université Laval, à Montréal, s’ouvraient dans le vieux Château Ramezay. Là étaient abritées alors les deux seules facultés de Droit et de Médecine, dans les quatre ou cinq petites chambres bien exiguës du rez-de-chaussée. L’Université était bien pauvre en matériel, mais très riche en professeurs, non pas par le nombre mais par la qualité. Leur dévouement et leur désintéressement constituaient tout son actif. Il n’y avait pas un seul laboratoire ; pas un seul microscope ; deux ou trois éprouvettes et quelques bouteilles que le professeur de chimie allait chercher au-dessous de l’escalier.

Depuis ma cléricature, je ne suis jamais entré dans le vieux Château où je retrouverais beaucoup des souvenirs des quatre années heureuses écoulées entre ses murs. J’y reverrais beaucoup de confrères aimés, beaucoup d’amis sincères depuis longtemps disparus, quelques-uns ballottés au loin sur une terre étrangère, beaucoup plus reposant dans un lieu d’où l’on ne revient plus. Quand je passe, ce qui est rare, devant cette vieille bâtisse, j’ai le cœur gros, bien gros. Les souvenirs affluent en foule à mon esprit, des souvenirs d’étudiants, des souvenirs encore plus beaux et plus inoubliables, les souvenirs de mes premières et de mes dernières amours