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saisis au hasard un livre sur ma table ; je l’ouvris machinalement aux derniers chapitres que je lus avec une avidité fiévreuse. « Deux fiancés, y était-il écrit, deux époux se faisaient des adieux ; un vieillard les consolait en leur disant : Ô mes enfants ! le temps des épreuves est de peu de durée et passe comme un courrier rapide ! soyez chrétiens et l’amour restera avec le ciel ».

J’avais entre les mains « Les Martyrs de Chateaubriand ». Le volume finissait ainsi : « Jeunes époux, vous espériez encore le bonheur sur la terre, et déjà le chœur des vierges et des martyrs commençait, pour vous dans le ciel, des cantiques d’une union plus durable et d’une félicité sans fin ». Cette lecture devait-elle me consoler ? Quel baume pouvait-elle verser sur les plaies de mon cœur ? J’avais espéré le bonheur sur la terre ; j’avais quitté ma patrie plus tôt pour revenir plus tôt chercher ma fiancée, et voilà que je crois entendre le chœur des vierges et des martyrs commencer dans le ciel, des cantiques d’une union plus durable et d’une félicité sans fin. Je ne souhaitais pas déjà cette union loin de la terre ; je la voulais ici-bas. Oh ! j’aimais mieux chanter avec la troupe des parents et des amis de Démodocus : « Ouvrez les portes de la chambre nuptiale ; la vierge s’avance ! La pudeur ralentit ses pas ; elle pleure en quittant la maison paternelle. Viens, nouvelle épouse ! un mari fidèle se veut reposer sur ton sein. Que des enfants plus beaux que le jour sortent de ce fécond hyménée ! Je veux voir un jeune Eudore suspendu au sein de Cymodocée, tendre ses faibles mains à sa mère et sourire doucement. »