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L’AMOUR NE MEURT PAS

table recouverte d’un tapis en cretonne mince, une petite armoire clouée à un pan de mur pour ma pauvre lingerie ; dans mon bureau qui me servait de chambre à coucher la nuit, une toute petite table et deux chaises en bois et un vieux sofa en crin. Tout mon ameublement avait été acheté dans un magasin d’occasion. Tels étaient mon bureau, ma demeure, mon chez-moi. Était-ce le Home-Sweet-Home ? Le soir, très tard, je mettais un oreiller à la tête de mon sofa ; j’étendais la couverture de laine et le drap que m’avait donnés Madame Boulé, et c’est sur cette espèce de grabat que j’invoquais, souvent inutilement, pendant de longues heures, le sommeil qui fuyait toujours. C’est là dans cette petite chambre froide et nue, que j’ai passé de longs jours dans l’ennui et l’attente des patients, et de tristes nuits à rêver à mon cher Canada et à ma douce fiancée.

J’avais apporté du Canada les quelques livres qui formaient toute ma bibliothèque : du Lamartine, du Chateaubriand, du Bernardin de Saint-Pierre et quatre livres de médecine. Pendant mon séjour à Lowell, je lus et relus à satiété ces différents volumes que j’annotais à profusion. Je m’étais de plus abonné à la bibliothèque de Lowell dont je dévorai des masses de volumes de toute sorte.

Et sur ma table, au milieu de mes livres, de mes crayons et de mes papiers, Oh ! ma Rose, ta photographie était là. Je la regardais souvent, bien souvent. Je la prenais entre mes deux mains ; je la contemplais et je la baisais tendrement, ardemment. Imagination, quelle