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Tant qu’elle n’existe pas, nul ordre n’est possible dans la société. Mille chemins honteux conduisent rapidement à la fortune. Les professions honnêtes ne peuvent soutenir cette lutte inégale. Tout le monde est mécontent de sa position. Tous les hommes sont déplacés. Tous les rapports sont confondus. La masse de la nation est appauvrie et vexée, par conséquent abrutie et avilie. Les dépenses même qu’on peut faire pour son bien sont un mal de plus, parce qu’elles augmentent la ruine. Et pour comble de désolation, la loi autorise et protége souvent des choses que la probité réprouve. Si je n’avais considéré que la filiation des maux, j’aurais dû mettre cet article avant celui des lois répressives ; car c’est le désordre des finances qui engendre l’impuissance de la justice.

Après ces deux points capitaux, d’une importance à laquelle nul autre n’est comparable, je demanderai, 1.o la proclamation de l’égalité, la destruction de tout corps privilégié, de tout pouvoir héréditaire, et l’exclusion des prêtres de tout salaire et de toute fonction publique, y compris celle d’enseigner la morale.

C’est le seul moyen de former le bon sens national ; et le bon sens fait la vertu. L’uniformité des lois, des coutumes, de l’administration, des usages, des poids et des mesures sera une conséquence nécessaire et heureuse de ces dispositions.

2.o Tout de suite après vient le divorce, l’égalité des partages, la prohibition presque entière de la liberté de tester.

Ce sont les bases éternelles des vertus domestiques, de la paix des familles et de la bonne édu-