le point où arrive la science des quantités, avant d’avoir le secours des chiffres, et ne se servant que des noms de nombres, est exactement correspondant à celui où sont toutes les sciences qui n’ont pas d’autres signes que ceux des langues parlées. Si donc ce degré d’avancement nous paraît très-faible pour la science de la quantité telle que nous la connaissons, et si elle l’a prodigieusement dépassé dans l’état où elle est aujourd’hui, nous devons conclure que c’est uniquement l’effet de la perfection de ses signes ; et si elle a des signes si supérieurs aux autres, nous devons reconnaître aussi que c’est parceque la nature des idées dont elle s’occupe, en est susceptible. Je pense fermement que cette manière de voir nous donne une idée très-juste des comparaisons et des relations que nous devons établir entre nos diverses espèces d’idées, et nos diverses branches de connaissances. La singulière commodité des idées de quantité est loin de se borner là. Elle est telle que l’on peut encore dans les spéculations qui les concernent, dédaigner le secours de ces chiffres, qui sont déjà si supérieurs à tout ce que nous avons d’analogue dans les autres genres. Non-
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