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qu’on lit. Au reste, c’est là un mal inévitable, et la faute en est à l’auteur original. Je ne pretends pour cela soutenir que toutes les additions de ce traducteur soient également nécessaires, mais je dis que l’extrême briéveté du texte n’est due qu’à ce que la plupart des choses n’y sont qu’indiquées ou rendues par des expressions qui sont tout-à-fait hors des conventions ordinaires de toutes les langues, et qui forment un véritable argot (qu’on me passe ce terme trivial, qui rend parfaitement mon idée). Or ce langage fût-il, ce qui n’est pas, fondé sur des idées bien déterminées, et formé d’après des analogies irréprochables, il ne saurait être aussi familier à chacun de nous, que la langue commune dont il emprunte les mots en en détournant le sens. Il faut donc, en le lisant, faire continuellement un effort d’attention et de mémoire, pour ne pas perdre de vue ces conventions bizarres, et se rappeler les longues séries d’idées que représentent ces expressions singulières et trop abrégées. Ce sont des espèces de pronoms inusités, et trop éloignés de la phrase qu’ils remplacent. En effet la briéveté dans le discours n’est un avantage que jusqu’à un certain point, et sous certaines conditions. Si quelqu’un s’avisait de prendre