Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/439

Cette page n’a pas encore été corrigée

les êtres auxquels elle appartient. Cela fait partie de l’histoire de ces êtres. Dans cet état d’abstraction complète, la quantité ne peut pas avoir d’autre mode qu’elle-même. Il ne peut pas y avoir lieu à la considérer autrement que sous le rapport d’augmentation, et de diminution, c’est-à-dire encore sous le rapport de quantité. La science dont elle est l’objet ne peut donc consister qu’à la noter, à en distinguer tous les degrés, à les comparer, ou, comme on dit, à les calculer, et à découvrir toutes les combinaisons et les spéculations, auxquelles elle peut donner lieu dans les différens états de déterminée ou indéterminée, connue ou inconnue, fixe ou variable, positive ou négative, ou même imaginaire. C’est aussi ce qui arrive, et la science de la quantité abstraite n’est pas autre chose. Actuellement voyons comment cette science naît dans notre esprit. Nous examinons dans un corps toutes ses qualités, c’est-à-dire toutes les impressions qu’il fait sur nous, et nous modifions son nom par un adjectif, à chaque qualité que nous reconnaissons en lui. Nous voyons qu’il nous fait l’impression de rouge, nous disons qu’il est rouge ; qu’il nous fait celle de pesanteur, nous disons qu’il est pesant ; qu’il nous fait celle