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pris d’avance. J’ignorais où j’arriverais. J’ai observé notre esprit sans prévention. J’ai noté ce que je voyais, sans savoir où cela me mènerait. Je suis revenu sur mes pas, toutes les fois que j’ai vu que j’étais conduit à l’absurde, c’est-à-dire, à des conclusions contraires aux faits postérieurs ; et j’ai toujours trouvé l’endroit où je m’étais égaré, c’est-à-dire où j’avais mal vu les faits antérieurs. Enfin, je suis venu sans suppositions, sans inconséquences, et sans lacunes, à un résultat que je n’avais ni prévu, ni voulu. Il est plausible, il est très-général, il rend raison de tous les phénomènes ; il m’est impossible de n’y pas prendre une pleine et entière confiance. Toutefois, si l’on peut m’accuser d’avoir trop resserré la fin de ma logique, je sens que l’on doit encore bien plus me reprocher actuellement de m’arrêter si long-tems à ces préliminaires. Mais je voulais parler de ce qui reste à faire, il fallait bien retracer le tableau de ce qui est fait. On voit que, suivant moi, ce qui constitue la philosophie première, comme on dit, ou comme on devrait dire, la première des