Ces réflexions m’ont conduit à une analyse exacte des sons vocaux que nous représentons encore très-mal, et m’ont fait voir qu’en y distinguant trois nuances de tons, cinq degrés de durée, dix-sept voix, et vingt articulations différentes, ils seraient très-bien ou du moins très-passablement notés. J’ai émis le vœu que l’on figurât ainsi quelques-uns des meilleurs morceaux de littérature de différentes langues, et je suis convaincu qu’il en résulterait des avantages vraiment prodigieux pour les tems à venir, et pour les nations lointaines. Enfin, de toutes ces observations tant sur le langage en lui-même, que sur les moyens de l’écrire, j’ai conclu qu’une langue universelle, soit savante, soit vulgaire, est impossible ; qu’elle serait plus nuisible qu’utile, si elle n’était que savante ; et qu’une langue parfaite est, si l’on peut s’exprimer ainsi, encore plus impossible : mais j’ai indiqué les conditions qui, suivant moi, la rendraient parfaite, et dont il serait très-utile de rapprocher toujours plus les langues dont nous nous servons. Voilà le sommaire de ma seconde partie. Toute ma crainte en entrant dans les détails qu’elle exige, et que j’ai encore resserrés le plus que j’ai pu, a été qu’elle ne m’éloignât de l’objet
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