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tout de suite un alphabet parfait pour la langue qu’il parlait. Pour moi, l’examen attentif de la nature de ces procédés, de leurs effets, et des monumens qui nous en restent à diverses époques, et dans différens pays, me montre qu’une telle marche n’a pu avoir lieu ; mais il me paraît que l’idée de noter au moins grossièrement les tons du chant, a dû se présenter dès la plus haute antiquité ; qu’elle a dû facilement conduire à ajouter successivement à ces notes quelques signes qui exprimassent ou la voix, ou l’articulation, ou la durée, ce qui les a rendues assez propres à noter la parole, qui, dans les langues naissantes surtout, diffère peu du chant ; et que par là elles sont devenues insensiblement et très-naturellement des caractères, partie syllabiques, partie alphabétiques, tels que sont ceux de beaucoup de langues orientales, et tels que sont encore à beaucoup d’égards les nôtres, que nous croyons si complètement alphabétiques. Car toutes les fois que nous employons une voyelle sans consonne, et une consonne sans voyelle, certainement l’une des deux est sous-entendue, et parconséquent celle exprimée représente la syllabe toute entière.