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quence nécessaire de ceux qui y sont déjà, si le jugement qui l’y reconnaît n’est pas juste, est fondé sur un souvenir infidèle de cette idée, l’idée nouvelle est fausse et inexacte ; elle rompt la chaîne longue et délicate de la vérité. Les jugemens postérieurs qu’on en portera, les idées subséquentes qu’on en formera, pourront être faux quoique conséquens, et justes quoiqu’inconséquens ; mais ils ne pourront plus être certains et manifestement indubitables ; ils ne seront plus la suite nécessaire d’une première vérité. Tel est le sort de la plupart de nos idées, et celui de toutes celles des hommes qui les ont composées au hazard. Les actions de l’être animé sont les signes nécessaires de ses idées. Ses semblables, sans qu’il le veuille, jugent de ce qu’il sent, par ce qu’il fait. Il s’en apperçoit ; il refait pour manifester ses volontés, ce qu’il a fait pour les exécuter : ses actions deviennent alors signes volontaires de ses idées. Il multiplie les signes et les subdivise, à mesure que ses idées augmentent et se développent. L’homme surtout, malgré le nombre infini de ses idées, parvient à attacher un signe distinct à chacune de celles dont il fait un usage fréquent ; il exprime les autres par les combinaisons qu’il fait des signes