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n’est pas vrai que la propriété de résister à ma volonté d’éprouver la sensation du mouvement, soit la preuve d’une existence autre que celle de ma vertu sentante, c’est-à-dire, comme le soutiennent Berkeley et les autres sceptiques, que ma vertu sentante peut n’être modifiée que par elle-même, et que même lorsqu’elle éprouve le sentiment de vouloir, ce peut être encore elle qui résiste à ce sentiment ; ou en d’autres termes, qu’elle peut vouloir et ne vouloir pas en même tems. Cela est assez difficile à admettre ; mais passons sur cette contradiction, et supposons en outre que je suis le seul être sensible existant dans l’univers. Qu’arrive-t-il dans ce monde idéal ? Je ne suis pas moins affecté, comme je l’étais dans le monde réel ; je n’éprouve pas moins toutes les mêmes modifications qu’auparavant ; elles ont toujours les mêmes qualités, les mêmes liaisons entre elles, les mêmes résultats, les mêmes conséquences, la même manière de s’enchaîner et de se coordonner ; et quoique persuadé qu’elles n’ont leurs causes que dans le sein même de ma vertu sentante, je ne dois pas moins les observer, les sentir, les analyser, et n’en tirer que des déductions légitimes, c’est-à-dire qui soient implicitement renfermées dans ce que