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choses bien vues. Cela fait qu’on les admire ou qu’on méprise la philosophie. En effet, dans ce cas il n’y a pas de milieu entre ces deux partis. Enfin je dois expliquer encore que, quand je dis de la première sensation que j’éprouve, ou plutôt de l’idée que j’en ai, que je la juge agréable, je ne prétends pas dire que je vois déjà cette idée comme une idée de mode, bien distincte, bien séparée et de l’être qu’elle affecte et de celui qui la cause ; et que je vois qu’une autre idée (celle d’être agréable) abstraite, générale, tirée de plusieurs êtres, leur convenant à tous, convient aussi à cette première idée. Je veux encore moins dire que j’ai une idée précise et détaillée de mon moi

que je le connais comme un être,

et comme un être réel que j’étendrai ensuite à tous les êtres ou partie d’êtres qui sentent avec lui et obéissent à ses déterminations, et que je distinguerai de tous les autres êtres réels qui agissent sur lui et en sont indépendans ; que je vois que cet être est modifié, et qu’il est modifié d’une manière telle que l’idée générale d’être affecté agréablement lui convient en ce moment. Certainement je ne saurai tout cela qu’après beaucoup de perceptions successives, et après avoir constaté graduellement