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une seconde idée, elle y est réellement actuellement par cela seul que nous l’y voyons ; mais que pour que nous ayons raison d’y voir cette seconde idée, c’est-à-dire pour que la première soit réellement en ce moment telle qu’elle était quand nous l’avons employée dans d’autres combinaisons, il faut que cette seconde s’y trouvât déjà alors, ou du moins fût implicitement comprise dans quelques-unes de celles qui s’y trouvaient. Autrement le nouveau jugement est inconséquent et incohérent avec les jugemens qui l’ont précédé : et c’est là ce qui dans tous les cas le constitue faux. La seule différence qu’il y ait, non pas entre les idées de substances et les idées archétypes, puisqu’il n’en existe aucunes qui méritent ces noms, mais entre les idées directes des êtres et celles qui en sont abstraites, c’est que le modèle des premières étant toujours là, l’expérience peut à tout moment montrer si la nouvelle idée qu’on y reconnaît y est explicitement, ou implicitement, ou point du tout, au lieu que celles du second genre ne dérivant de ces modèles que par des déductions souvent longues et compliquées, il faut refaire péniblement et périlleusement toutes ces déductions pour acquérir la même certitude. D’où il arrive qu’il est beaucoup plus aisé