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mais même sur celle de toute certitude, ou du moins de supposer, comme l’ont fait beaucoup de métaphysiciens, qu’il y a une grande différence entre ce qu’ils appellent idées de substances et idées archétypes,

(c’est-à-dire celles qui ont un modèle hors de nous et celles qui n’existent que dans notre entendement), que nous n’opérons pas sur les unes comme sur les autres, et que les causes de leur vérité et de leur fausseté ne sont pas les mêmes. Cependant ce n’est là qu’une illusion causée par deux dénominations impropres. Premièrement nous n’avons point d’ idées de substances. nous avons des idées d’êtres qui agissent sur notre vertu sentante ; mais nous ne connaissons ces êtres que par les impressions qu’ils nous font : ils ne consistent pour nous que dans ces impressions. Nous ne leur connaissons point de substance, et nous ne sommes point en droit de leur en supposer une, quelque sens que l’on veuille donner à ce mot, auquel on n’en a jamais assigné un bien net. Seulement nous savons que ces êtres sont autre chose que notre vertu sentante, puisqu’ils résistent à sa volonté ; et qu’ils en sont indépendans, puisque dans les tems mêmes où ils ne peuvent agir sur nous, ils peuvent