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aise, j’ai vu souvent, par respect pour la mémoire de certains hommes, embrasser avec violence des opinions qu’ils détestaient, et outrager et affliger leurs mânes, en croyant les respecter et leur complaire. Sans sortir de notre sujet, je suis convaincu que si la logique d’Aristote était traduite en bon français, et suffisamment éclaircie pour être à la portée de tout le monde, il n’y aurait pas un homme qui ne pensât et ne vît clairement que cette première tentative, bien que très-estimable, a été complétement malheureuse ; qu’elle a été contre son but, parcequ’on s’est trop pressé d’arriver à un résultat ; qu’elle a besoin d’être reprise par sa base ; que son auteur en conviendrait et le souhaiterait : et que les idéologistes français bien loin d’être des novateurs effrénés, des déserteurs de l’école d’Aristote, de tenter contre son intention des choses que ce grand maître a décidé être inutiles ou impossibles, sont ses continuateurs, ses disciples, et je pourrais dire ses exécuteurs testamentaires. En effet il est constant qu’il a voulu traiter des idées, de leur expression, et de leur déduction ; et qu’il a senti qu’il n’y avait pas une autre manière de donner une base solide à tous nos raisonnemens et à toutes nos connaissances ;