vite l’inconséquence qu’il y avait à appeler l’un des deux termes d’une proposition le grand terme, et l’autre le petit, et à dire ensuite que ces deux termes sont égaux à un troisième et égaux entr’eux. Elle a de plus l’avantage immense de rendre raison de la justesse du jugement en même temps que de celle du raisonnement. Les partisans de la doctrine syllogistique ne se sont point élevés jusques-là. Ils ne sont point remonté jusqu’à la théorie du jugement : aussi sont-ils réduits à dire que les propositions évidentes le sont par elles-mêmes, que ce sont les plus générales qui sont dans ce cas, et qu’il ne s’agit jamais que d’en déduire des conséquences légitimes. On voit donc que Condillac a fait un grand pas, et on doit lui en savoir beaucoup de gré ; mais je suis convaincu qu’il s’est arrêté à la moitié du chemin, en faisant les deux termes de la proposition égaux entr’eux, et que le vrai est de dire que c’est l’ancien petit terme qui est réellement le grand ; que dans tous nos jugemens quelconques, l’extension des deux idées comparées étant la même, parcequ’elle est toujours égale à celle du sujet, l’opération intellectuelle consiste à sentir que le sujet comprend l’attribut ; et que nos raisonnemens sont des séries de jugemens successifs par
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