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ceux qui n’en conviennent pas. Tout a ainsi retenti pendant dix-huit cents ans des cris de l’école, et, s’il est permis de se servir de cette expression, tous les esprits en ont été assourdis. La raison ne parle ni si haut, ni si vîte. Pour que sa voix douce et lente pût se faire entendre, il fallait d’abord que le silence se fît. C’est ce qu’ont opéré nos grands hommes du commencement du dix-septième siècle. Bacon et Descartes en proclamant que la dialectique n’est bonne à rien, ont réduit les scolastiques à se taire ou du moins à n’être plus écoutés. S’ils ne les ont pas réfutés directement, ils les ont discrédités. En montrant que la vraie science consiste dans la connaissance des faits et non dans celle des argumens, ils ont tourné l’attention d’un autre côté ; et bientôt l’étude des faits a produit des vérités nouvelles qui ont dissipé d’anciennes erreurs : et la vue des succès obtenus par ce chemin nouvellement ouvert, a dégoûté de l’ancienne route. Seulement il est resté dans les esprits la prévention que la métaphysique ne se rencontre que sur cette voie d’égarement, et que parconséquent il n’y a point