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plutôt énoncées quelque part, elles m’auraient épargné beaucoup de peines et d’hésitations. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui instruits par tous les efforts heureux ou malheureux de nos devanciers, et éclairés par les admirables analyses de Condillac, nous sommes conduits à voir avec évidence, que sentir est notre existence toute entière, et que juger n’est encore que démêler une circonstance dans une perception antérieure, c’est-à-dire, sentir distinctement une partie de ce qu’on avait senti d’abord confusément. Nous avons pu en conséquence exposer nettement le mécanisme de la formation successive de toutes nos idées, et celui de leur traduction dans le langage ; et par suite nous pouvons et nous devons expliquer sans ambiguité en quoi consiste la certitude ou l’incertitude de tous nos jugemens, et la vérité ou la fausseté de toutes nos propositions. C’est ce que nous allons tâcher de faire : si nous n’y réussissons pas, ce sera purement et uniquement notre faute ; car la vérité est à découvert, il ne reste qu’à la saisir. Le but de ces préliminaires était de montrer par quels chemins nous sommes arrivés à cet heureux état de la science.