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conséquences des principes avoués, elle est viciée dans sa racine. Car dès qu’on croit qu’il faut toujours partir d’un principe général, la marche de l’esprit est méconnue, et on ne peut plus assigner la vraie cause de la justesse d’une conséquence, ni indiquer les vrais moyens de s’en assurer. On peut bien en imaginer de fantastiques, tels que ceux qui composent tout le système syllogistique, et les arranger avec tant d’artifice que leurs résultats concourent avec la vérité comme s’ils en étaient la cause ; de même qu’avant Copernic l’on combinait et l’on multipliait les épicicles, de manière que leurs révolutions cadrassent avec les mouvemens apparens, comme si les astres les avaient réellement parcourus. Mais on n’en est que plus éloigné de connaître le mouvement réel, et de voir que l’opération intellectuelle qui s’exécute ne consiste réellement qu’à sentir dans une vérité ce qu’elle renferme, et que toute vérité de déduction n’est vraie que parcequ’elle est contenue implicitement dans un premier fait où il ne s’agit que de la remarquer. Aristote engagé dans cette fausse route, a donc nécessairement ignoré la science logique, et n’a pu créer qu’un art absolument inutile et essentiellement défectueux ; mais en même tems,