Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

que Jacques est un être parlant

; ou parceque

tous les êtres parlans, tous les hommes, sont des animaux, que un tel être parlant, un tel homme, est un animal.

c’est tout le contraire. Jacques est un être parlant parcequ’on le voit, on l’entend parler ; en un mot parcequ’il est prouvé par le fait que l’idée d’être un être parlant est une des idées qui lui conviennent, qui composent l’idée totale de son individu : et cet être parlant est un animal, parceque dans l’idée d’être un être parlant est comprise l’idée d’être un être animé, un animal. Aristote avait donc pris tout-à-fait le contre-pied de la série de nos idées, et cela a entraîné de fâcheuses conséquences. La première, c’est que toute la logique a manqué par la base. Car quand on croit qu’aucune proposition ne se peut prouver que par une proposition plus générale, il s’ensuit que les plus générales de toutes sont nécessairement dénuées de preuves. C’est aussi ce que l’on a soutenu. On a dit que les axiomes étaient impossibles à prouver, qu’ils étaient évidens par eux-mêmes, qu’il ne fallait pas en disputer, et que l’art logique consistait uniquement à en tirer des conséquences légitimes. Mais d’abord on a été très-embarrassé de déterminer le nombre de ces axiomes, et de décider si telle ou