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interjection qui était une proposition entière, est donc réduite à n’être plus qu’un verbe. Quand je dis ouf, l’interjection, l’exclamation, le cri ouf, signifie la proposition entière, j’étouffe. dès que je dis je ouf, ouf, ne signifie plus que l’attribut étouffe. voilà donc le second élément du discours, le verbe, ce mot si merveilleux, si ineffable, trouvé tout naturellement, découvert nécessairement. Il n’a pas été besoin de l’inventer à force de tête. Il résulte inévitablement de la seule séparation du sujet d’avec l’attribut.

Ce n’est point avec les autres élémens du discours, en en combinant habilement plusieurs ensemble, qu’on a formé le verbe. Nous allons, au contraire, les voir tous sortir successivement de sa décomposition, comme il naît lui-même de la restriction apportée à la signification de l’interjection. Le verbe est donc une interjection, n’exprimant plus que l’attribut.

Aussi, n’a-t-il aucun sens, n’exprime-t-il aucun jugement sans un sujet : comme aussi, le sujet n’exprime aucun jugement sans un verbe.

Il suit delà, 1) que le verbe, différent en cela du nom et du pronom, n’exprime point, comme eux, une idée existante par