mais cette dernière partie n’est vraie, que quand le discours est dans un langage qui possède des signes capables d’exprimer des idées isolées et détachées de toute autre. Or, c’est une propriété que les langages articulés possèdent seuls à un degré éminent. Je ne dis pas que le langage des gestes, et même celui des attouchemens, n’en soient pas susceptibles à un certain point : mais ce n’est que quand ils sont très-perfectionnés. Dans l’origine du langage d’action, un seul geste dit : je veux cela, ou je vous montre cela, ou je vous demande secours : un seul cri dit : je vous appelle, ou je souffre, ou je suis content, etc. ; mais sans distinguer aucune des idées qui composent ces propositions. Ce n’est point par le détail, mais par les masses que commencent toutes nos expressions, ainsi que toutes nos connaissances. Si quelques langages possèdent des signes propres à exprimer des idées isolées, ce n’est donc que par l’effet de la décomposition qui s’est opérée dans ces langages ; et ces signes, ou noms propres d’idées ne sont, pour ainsi dire, que des débris, des fragmens, ou du moins des émanations de ceux
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