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que cette ortographe a éprouvés : et de l’autre, il est évident que plus l’écriture représentera fidélement la prononciation, et de manière à ne pouvoir s’y tromper, et plus elle suivra de près ses moindres altérations ; plus l’histoire de l’ortographe sera instructive, non-seulement sur l’origine des mots, mais sur la manière dont le génie de chaque langue tend à les modifier par l’usage.

Si je ne propose pas de changer notre manière d’écrire, ce n’est donc aucune des raisons dont je viens de parler qui m’en empêche ; mais bien la conviction intime que tout projet de ce genre est d’une inutilité absolue, sur-tout venant d’un homme isolé : en effet, une réforme partielle détruisant une ou deux défectuosités pour en laisser subsister mille autres, n’a aucun avantage ; et une réforme complète est presque impossible, parce que trop d’habitudes y résistent. Pour changer totalement un usage qui tient par tant de points à toutes les institutions sociales, il faudrait un consentement unanime qui ne peut pas même se supposer, et ce serait un véritable bouleversement dans la société. Il ne faut donc pas y songer ; mais je crois qu’en laissant subsister cet