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adroits ; et dans lequel il montre que beaucoup de vices de nos ortographes sont tout-à-fait contraires à l’étymologie, au lieu de la conserver. Mais sur-tout je citerais comme péremptoire l’aveu de Beauzée, qui au moment même où il combat ce qu’il appelle les néographes, dit, pag 187, si l’ortographe est moins sujette que la voix à subir des changemens de forme : elle devient, par-là même, dépositaire et témoin de l’ancienne prononciation des mots ; et elle facilite la connaissance des étymologies, qui n’est pas sans mérite ni sans utilité ; et il ajoute pag 192, à propos du ph, auquel il voudrait qu’on substituât toujours l’ f. C’est aux étymologistes à puiser des principes dans l’histoire même de l’ortographe, et non à en entretenir les défauts : les italiens qui ont banni le « ph » de la leur, n’en sont pas moins bons étymologistes. ces deux passages précieux me paraissent décider la question sans retour. Car d’une part, il est très-clair que ce n’est pas telle ou telle mauvaise ortographe qui donne les lumières les plus sûres et les plus curieuses sur l’étymologie de certains mots, mais bien l’histoire des changemens successifs