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celles qu’on n’avait prises d’abord que pour une. Bien de gens croient que c’est ainsi que l’art d’écrire a dû toujours commencer ; et que par cette route on aura été bientôt conduit à l’écriture alphabétique. J’avoue que je ne partage ni l’une ni l’autre de ces deux opinions : et voici mes motifs.

Premièrement, par les raisons que j’ai dites, la notation du chant à dû précéder celle de la parole. Cette notation est fondée sur l’observation spéciale d’une qualité particulière dans chaque son (le ton). Elle consiste à représenter par le même caractère, deux sons très-différens d’ailleurs, s’ils ont le même ton, et par des caractères différens, deux sons semblables à tous autres égards, s’ils différent par le ton. Elle n’a donc pas dû conduire naturellement à ne considérer les sons qu’en masse, et à noter par des signes différens ceux même qui se ressemblaient par cette qualité qu’on était accoutumé à considérer exclusivement. Il y a là cessation de toute analogie.

De plus, quand on a adopté ce moyen d’écrire, il a dû conduire très-difficilement à l’écriture alphabétique ; car pour y arriver il a fallu revenir à la route suivie dans la notation du chant, et