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fait rien qui puisse affecter le sens de l’ouïe. De même, quand nous écrivons un p ou un k, qui marquent une articulation, et que nous les prononçons, nous leur donnons une voix, un ton, et une durée qu’ils n’expriment point. Il en est encore de même d’une note de musique, quand nous la chantons. Là, c’est le ton et souvent la durée qui sont marquées par la position et par la forme de la note ; et c’est la voix et l’articulation que nous suppléons. Ceci bien entendu, nous allons découvrir avec la plus grande facilité tout l’artifice de l’écriture, son origine, sa formation, ses perfectionnemens successifs, et les défauts qui lui restent.

Dans tout sujet de recherches, quand on est bien remonté jusqu’à un premier fait pris dans la nature, on voit bientôt tous les autres en dériver tout naturellement, tandis que quand on s’est arrêté aux faits secondaires, on ne peut ni en sentir les liaisons, ni en saisir l’ensemble.

C’est à mon avis ce qu’ont toujours fait jusqu’à présent les grammairiens, même ceux qui sont les plus justement estimés, et à qui nous devons les lumières les plus précieuses sur beaucoup de choses de détail.