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la représentation d’idées très-compliquées, très-travaillées, très-abstraites, très-éloignées des objets sensibles ; mais jamais elle ne deviendra la note d’un son d’une langue parlée, qui soit toujours le même à quelque mot qu’il appartienne.

Or c’est là ce qu’est un caractère syllabique ou alphabétique. Jamais donc l’hiéroglyphe ne subira cette métamorphose.

Ces motifs me portent à croire que les hommes ont été réunis long-tems en corps de nation, ayant l’usage d’un langage articulé, peut-être même assez perfectionné, sans avoir trouvé le moyen de rendre permanent et de peindre exactement, chacun de ces signes si utiles et malheureusement si fugitifs. Dans ce long intervalle de tems, ils auront inventé plusieurs arts. Ils auront fait les premiers essais de la peinture, de la sculpture, de la gravure, et de tous les arts qui tiennent au dessin, pour perpétuer le souvenir des événemens qui avaient influé sur leur destinée, et des êtres qui leur étaient chers. Ils auront créé de même la musique, pour animer leurs danses, pour chanter leurs plaisirs et leurs malheurs, pour donner plus d’énergie à leurs récits,