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devenir chacune séparément, un langage artificiel très-complet, et d’exprimer nos idées de toutes espèces, jusque dans leurs moindres détails. Ainsi, voilà trois classes de langages artificiels bien distincts, qui émanent directement du langage naturel, et chacune de ces classes peut se subdiviser encore en une multitude d’idiômes différens.

Mais tous ces langages divers ne sont toujours composés que de signes fugitifs, qui disparaissent aussitôt qu’ils sont perçus, qui se succèdent et se remplacent avec rapidité, qui s’effacent les uns les autres, et qui ne produisent que des impressions momentanées, toujours très-difficiles, souvent impossibles à rappeler avec exactitude. Les hommes n’ont donc pu se servir long-tems de ces signes, sans désirer de les rendre durables. Ils n’ont pu recevoir ces impressions, sans souhaiter de les prolonger et de les renouveller, pour y réfléchir et les combiner. En un mot, ils n’ont pu jouir long-tems de l’avantage de se communiquer leurs idées immédiatement et passagèrement, sans souhaiter d’en conserver l’expression pour des tems et des générations à venir, et de la